Petite pause dans le récit des aventures américaines, pour vous présenter Hugin...
Les logiciels pour réaliser des panorama sont peu nombreux, les gratuits encore moins. Parmi eux, on peut compter ceux livrés avec les appareils photo, dont PhotoStich de Canon par exemple. Simple d'emploi, ils restent rudimentaires, notamment pour raccorder les vues sans différence de couleur, ou bien pour corriger les distorsions. A l'autre extrémité de l'échelle, quelques logiciels professionnels proposent de réaliser des panoramas, dont Stitcher.
Entre ces deux catégories, Hugin Panorama, logiciel open source, propose une solution complète et qualitative, mais au prix d'une certaine complexité! Dérivé des Panorama Tools, une série d'algorithmes destinés à réaliser ce type d'images, Hugin est en fait un "front end", une interface graphique qui guide l'utilisateur plutôt que de l'exposer à "trop" de lignes de commandes.
Aperçu des images assemblées automatiquement par le logiciel. On peut alors choisir le mode de projection que l'on préfère.
Comme beaucoup de logiciels libres - au risque de m'attirer les foudres des linuxiens, mais je maintiens! -, Hugin a une approche très technique. Le casse-tête commence à l'installation. Si le package "Hugin" dispose de la plupart des outils nécessaires, certains doivent être rajoutés en fonction des besoins. C'est notamment le cas de "autopano-sift-c" (quel nom mignon!) caché dans l'archive "generate_tools", qui permet d'aligner automatiquement les images: indispensable donc. On croise aussi un énigmatique "enblend", un "enfuse" et autres noms étranges dont, à vrai dire, je n'ai pas encore bien compris toutes les subtilités. Certains permettront de générer des images HDR, d'autres de réaliser une fusion des images sous forme de calques Photoshop, mais l'ensemble manque cruellement de limpidité.
Ca y est, vous avez installé Hugin et au moins Autopano-sift-c, en ayant précisé dans les préférences où se situe ce dernier? Parfait, on peut commencer avec l'assistant: on ouvre le lot de photos à traiter, et Autopano prend le relais pour raccorder les images entre elles. Aussitôt, un aperçu s'affiche, permettant de se faire une idée du futur résultat. On peut alors choisir entre les différents modes de projection (cylindrique, rectangulaire etc...). A moins d'être expert en la matière, personnellement je navigue à vue et prends le résultat qui me plaît!
Retour à la fenêtre principale, on passe aux onglets suivants. On peut renseigner le type d'appareil et la focale utilisée, mais normalement vos données Exif suffisent. L'onglet "Points de contrôle" permet de vérifier qu'Autopano a bien fait son travail. Pour qu'un panorama soit réussi, faites en sorte que les photos se chevauchent d'un tiers environ chacune. Personnellement, j'utilise les collimateurs autofocus du viseur comme points de repère, ça a l'avantage d'être rapide et régulier.
Les fenêtres de l'optimiseur et de l'exposition. Pas très explicite tout ça! Il faudra plonger dans les sites web pour comprendre les subtilités, en attendant j'appuie sur le gros bouton et je fais confiance...
Viennent ensuite les onglets "optimiseur" et "exposition". Le premier est vraiment abscons, je lui fais confiance sans trop savoir ce qu'il fait. Le second est a priori inutile si vous contrôlez bien votre exposition à la prise de vue. Personnellement, je prends une première photo en grand angle, pour récupérer les paramètres d'exposition (ouverture et vitesse). Je passe ensuite l'appareil en cadrage vertical, et en exposition manuelle avec les paramètres récupérés juste avant. Je zoome un peu pour que la portion verticale corresponde au champ désiré, et l'on peut commencer à photographier. En procédant ainsi, toutes les photos ont exactement la même exposition.
Voici l'heure du rendu. Les options sont nombreuses, je me contente d'une sortie "normale" en format Tiff, en choisissant au passage la taille désirée du panorama. Avec 9 images, j'obtiens une image de 35 Mpixels! On lance le calcul, à nouveau une fenêtre bien technique apparaît, on laisse faire... et on admire le résultat!
Eh oui, les panoramas obtenus sont d'une qualité remarquable, et c'est bien pour cela que l'on pardonnera l'apparente complexité du logiciel. En y regardant de plus près, on a fait très peu de manipulations: charger les images, choisir le mode de projection, et lancer le rendu. La fusion entre les images est parfaite, et l'on comprend mieux la puissance de ces PanoTools! Un bref passage dans Photoshop permet de recadrer l'image et de l'accentuer un peu pour profiter au maximum des détails.
Bref, Hugin ne gagnera pas un prix d'ergonomie, mais à moins d'être prêt à investir entre 100 et 300 Euros dans un logiciel spécialisé, le résultat obtenu le place bien au-dessus de la concurrence, pour un prix modique puisque gratuit! Personnellement, il rejoint donc ma trousse d'outils, ne faisant que ponctuellement des panoramas. A haute dose, j'opterais pour une solution commerciale cependant. Enfin, réaliser des panoramas est un processus chronophage, aussi bien à la prise de vue qu'en post-processing, ne les multipliez pas trop!
Où trouver Hugin?
Le projet avance lentement, la version actuelle 0.7 date de près d'un an. Multi-plateforme, Hugin fonctionne sous Windows, Mac ou Linux. Les utilisateurs sous Windows pourront trouver d'autres interfaces graphiques pour ces mêmes PanoTools, dont certaines sont payantes.