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Test: Canon EOS 40D, la force tranquille

test40D-1.jpgJ'ai beaucoup hésité sur le ton à adopter pour donner mes impressions sur ce (relativement) nouveau Canon EOS 40D. La marque fait évoluer son modèle phare en douceur depuis quelques générations déjà, mais c'est peut-être aussi le signe d'une grande maturité.

Alors, réflex choc ou conservateur?

Prise en main

Au premier abord, seuls 2 éléments distinguent réellement le 40D de son devancier: un écran plus grand de 3" contre 2.5" auparavant, avec la réorganisation des touches que cela suppose au dos de l'appareil, et l'apparition d'une touche d'activation de l'autofocus, directement héritée de l'ergonomie des 1D (sur les premiers modèles type 10D, il s'agissait d'une touche au rôle un peu ambigu).

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Une ergonomie classique et bien pensée dans la lignée des modèles experts de Canon

Le boîtier en lui-même ne dépayse pas: robuste, bien conçu, il est prêt à affronter pas mal de situations, comme l'ont prouvé les reporters qui emmenaient déjà les 20D et 30D sur le terrain. Pour être dans l'air du temps, Canon annonce une étanchéité «sur le papier», qui se traduit par un joint en mousse dans les compartiments batterie et compact-flash. En voyant ça, on se dit que son 30D ou 5D pourrait porter le même label en y rajoutant un peu de mousse! Il ne s'agit en tout cas pas d'une véritable tropicalisation, que l'on trouve pourtant chez le Nikon D300 ou même les Pentax K10D et K20D.

La tropicalisation n'est certes pas utile dans 99% des cas. Mais si vous photographiez autour de l'équateur ou sous la pluie, elle a au moins le mérite de vous rassurer sur la survie du boitier. Pour info, sans être un baroudeur, la poussière parvenait à s’infiltrer dans les logements de batterie et carte de mon appareil lors d’un voyage au Cambodge...

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Un bel écran 3"... mais Canon n'avait pas prévu que ses concurrents surenchériraient côté résolution!

L'écran est un mélange de bon et moins bon: doté d'une très bonne lisibilité angulaire, il est très lumineux, contrairement à l'écran qui équipait les 5D / 30D. En revanche, il conserve la même résolution QVGA (320x240 pixels, mais les marques photo aiment bien compter tous les sous-pixels colorés RVB, ce qui en donne 230 000 au compteur). Sony et Nikon proposent des écrans VGA sur leurs modèles concurrents. Quoi qu'il en soit, le confort au quotidien est réel.

J'apprécie également que Canon ait conservé l'écran LCD monochrome sur le dessus de l'appareil, qui d'un coup d'oeil permet de vérifier les réglages principaux. Les ISO sont désormais affichés en permanence, de même que dans le viseur: les critiques formulées ont fini par être entendues!


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Merci Canon d'avoir conservé ce très pratique écran!

Pour terminer ce tour extérieur, signalons la présence sous le boîtier d'un connecteur destiné à la très onéreuse poignée Wifi. Vendue aussi cher qu’un ordinateur portable (que vous pourrez utiliser relié en USB au 40D pour des prises de vue à distance !), je l’éviterais personnellement, pour me tourner vers le traditionnel grip vertical capable d’héberger 2 batteries, et vendu à un prix beaucoup plus raisonnable.


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La molette propose désormais 3 modes personnalisés

Sur le plan extérieur, le boîtier est donc un grand classique de Canon, qui évolue par touches subtiles, mais offre une très bonne prise en main : tous les boutons sont facilement accessibles, y compris l’œil collé au viseur. Seul le joystick est difficilement accessible lorsque l’on shoote verticalement avec la poignée : comme Sony, Canon aurait mieux fait de le dédoubler sur la poignée verticale.

En utilisation

Premier allumage, direction les menus. Ceux-ci ont été remaniés, organisés en onglets à l’instar du 1D MkIII qui a inauguré le bal. Il faut dire que cela est devenu nécessaire devant la profusion de réglages possibles. Bon point : un menu personnalisé permet de ne mettre en avant que les réglages que l’utilisateur juge essentiels au quotidien. Mauvais point : certaines options, notamment dans les paramètres personnalisés, sont un peu laconiques, surtout dans leur formulation française. Ainsi, je n’ai pas trouvé au début la fonction Live View, et j’ai dû remettre l’interface en Anglais pour comprendre plus finement une option de l’autofocus. La taille de l’écran étant désormais confortable, il serait souhaitable que Canon intègre une aide contextuelle, à renfort de textes et images, pour que l’on comprenne mieux les options pointues.

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On a plus vite fait de faire les réglages avec l'écran supérieur.

En mode prise de vue, il est possible d’afficher un récapitulatif des paramètres sur l’écran LCD arrière. Pourtant, Canon n’a pas poussé le concept jusqu’au bout, puisque cet écran ne se pilote pas du joystick. Pour modifier l’ISO par exemple, il faudra d’abord appuyer sur la touche ISO, puis tourner la bonne molette. Même scénario avec les touches à double fonction. Bref, le joystick donne un certain sentiment d’utilité limitée, même si c’était encore plus flagrant sur les précédents modèles. Sur ce point, l’EOS 450D se pilotera certainement plus facilement avec son pad directionnel arrière.

Cependant, à l’usage, cette relative limitation n’est pas du tout gênante : on a plus vite fait d’utiliser l’écran LCD supérieur pour modifier les paramètres. L’ergonomie Canon permet également, une fois que l’on a pris ses repères, d’en changer certains sans quitter le viseur (notamment les ISO), ce qui est vraiment pratique ! On ne peut pas en dire autant de toutes les marques.

Le viseur justement est clair et agréable : je n’ai pas ressenti l’impression désagréable de viser à travers le trou d’une serrure, comme cela pouvait être le cas sur ses prédécesseurs. En revanche, le dégagement oculaire est, comme d’habitude, trop faible. Concrètement, à moins de coller l’œil, le nez et la joue contre le boîtier, on ne voit pas toute l’image ou toutes les inscriptions. On ne peut certes pas s’attendre au viseur d’un 1D, mais si Canon peut porter ses efforts sur ce point pour son prochain boîtier, on attendra un niveau de confort vraiment excellent. La zone d’affichage en dessous est désormais bien rétroéclairée : autant sur le 5D, on ne voit pas grand-chose dès lors que la luminosité extérieure est importante, autant ici les réglages restent parfaitement lisibles en toute situation. Comme indiqué plus haut, les ISO sont constamment indiqués, ce qui est pratique.

L’autofocus est toujours sur neuf collimateurs, mais ceux-ci sont désormais en croix. La mise au point est très rapide, même en faible luminosité. Ce que j’apprécie chez Canon, c’est la combinaison molette avant + molette arrière + joystick. Via une fonction personnalisée, on peut décider de régler le collimateur de son choix directement avec le joystick, en le pointant dans l’une des 8 directions de son choix, ou en cliquant sur le joystick pour le collimateur central. Pour revenir à l’ensemble des collimateurs, il suffit d’appuyer sur la touche d’AF. Avec la molette avant, on modifie le réglage selon le mode (décalage programme en mode P, vitesse ou ouverture suivant le mode de priorité). Avec la molette arrière, on corrige l’exposition. Bref, les commandes tombent toutes sous la main, sont bien dimensionnées : on ne tâtonne pas et on garde l’œil dans le viseur, ce qui serait déjà moins le cas sur un 400D où les commandes se partagent les touches.

Passez en mode rafale, et vous vous rendez compte que l’on est presque au niveau d’un 1D de première ou seconde génération : avec des pointes à 6.5 images par seconde, un buffer qui encaisse rapidement les images et un bon suivi AF, il ravira les photo-reporters. Certes, le 1D a encore plus de collimateurs, qui couvrent mieux le champ de visée, mais on n’est plus dans les mêmes prix. La concurrence du 40D, hormis le D300 de Nikon, me semble en tout cas distancée sur ce critère.

Le mode Live View reste, pour le moment, un gagdet hormis pour le contrôle de l’appareil à distance et les natures mortes. A main levée, le retard au déclenchement est trop important pour être sûr d’avoir une mise au point correcte.

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Un mode lecture très classique avec des images timbre-poste!

Une fois les images prises, direction leur lecture. La taille de l’écran et son grand angle de vision rendent la chose agréable. La vue « détaillée », qui fournit à la fois l’image, ses paramètre et l’histogramme, a été légèrement remaniée. Auparavant, l’image avait la taille d’un timbre poste, noyée dans un pourtour noir sans que l’on comprenne vraiment la raison de cette perte d’espace. C’est un peu moins le cas. Je pense que Canon divise l’image par un nombre entier pour simplifier les calculs, mais en tant qu’utilisateur, il est frustrant de voir que l’on pourrait gagner encore un peu en lisibilité. Par ailleurs, la première remarque d’un utilisateur de compact a été : « mon Ixus lit mieux les images » ! Eh oui, c’est vrai… Par exemple, si l’on incline verticalement l’appareil, sur un Ixus, les images se tournent automatiquement, ce qui est pratique pour les photos en mode portrait. Sur un EOS, ce n’est pas le cas, alors que Sony le propose si je ne dis pas de bêtise. De même, la fonction diaporama est sans intérêt, alors que le même Ixus vous proposera des transitions (bon ok, c’est gadget sur un réflex). On peut aussi citer le G9 qui propose un mode loupe intéressant, où l’on voit à la fois la miniature et la zone zoomée. Bref, le mode lecture est bien, mais pourrait l’être encore plus sur un appareil aussi mature.

Les images

Quand arrivent les images sur un vrai grand écran, on reconnaît la maîtrise de Canon. Toutes les photos ont été traitées en Raw sous Aperture 2. Le détail a son importance, car si le Raw est considéré comme un format « brut », son interprétation dépend fortement du logiciel avec lequel on la fait. Par ailleurs, je n’ai pas utilisé les styles d’images, car je préfère traiter mes images sur PC plutôt que de laisser la tâche au boîtier, sur lequel il est tout de même difficile de juger finement l’action des divers paramètres.


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Je ne suis pas adepte des styles d'image, mais ils peuvent être utiles pour qui shoote en JPeg

Les images sont très propres. Malgré les 10 millions de pixels, le mode 1600 ISO est à peu près équivalent au 400 ou 800 ISO de mon ex 10D, c’est-à-dire totalement utilisable. A 3200 ISO, on reste dans une sensibilité « de secours », car on constate une perte des fins détails, et un bruit chromatique plus ou moins bien traité suivant le logiciel que vous utiliserez (le passage d’Aperture 1.5 à 2 apporte un progrès significatif par exemple sur un même fichier).

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Image à 800 ISO traitée en Raw sous Aperture 2. Cliquez pour agrandir
Copyright Jean-François Vincent - Tous droits de reproduction réservés

Contrairement à l’entrée de gamme 400D / 450D, les fichiers ont un rendu très neutre par défaut. Cela laisse une bonne latitude de post traitement, et il ne faut pas s’étonner de voir des images un peu fades sortir du boîtier : ici le photographe a la main sur le rendu final, et peut à loisir booster la saturation, le contraste ou la netteté… ou bien passer par les styles d’images.


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Image à 800 ISO traitée en Raw sous Aperture 2. Cliquez pour agrandir
Copyright Jean-François Vincent - Tous droits de reproduction réservés

Progrès notable, l’appareil expose très bien et ne grille plus les hautes lumières (même sans passer par la fonction priorité haute lumière qui est un artifice plutôt utile en JPeg). La balance des blancs est également fiable, même si sous des éclairages très jaunes, un post-traitement restera nécessaire pour éliminer toute dominante.


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Image à 100 ISO traitée en Raw sous Aperture 2. Cliquez pour agrandir
L'effet a été obtenu en zoomant pendant la prise de vue.
Copyright Jean-François Vincent - Tous droits de reproduction réservés

Point extrêmement agréable, l’anti-poussière est efficace, et je n’ai eu à déplorer qu’une seule poussière sur le capteur au cours de mon essai. Les aplats de couleurs claires (ciels etc) ne sont donc plus une crainte, et ce seul point me ferait presque préférer le 40D, tant c’est un problème récurrent sur le 5D.


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Image à 3200 ISO traitée en Raw sous Aperture 2. Cliquez pour agrandir
Copyright Jean-François Vincent - Tous droits de reproduction réservés

Le flash, que je n’utilise pas pour ma part, progresse dans les options de réglage. Il est enfin possible par exemple de choisir la synchronisation 1er ou 2ème rideau, y compris sur le flash interne, ce qui permettra des effets créatifs.


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Image à 800 ISO traitée en Raw sous Aperture 2. Cliquez pour agrandir
Copyright Jean-François Vincent - Tous droits de reproduction réservés

Ce que j'en pense

Au final, ce 40D est un appareil très homogène et attachant. Certes, il ne surprend pas, mais sur aucun critère il ne déçoit. Rapide, doté d’un bon viseur, il produit des images très propres, aidé par une bonne gestion des ISO et un antipoussière efficace.

Pour le Canoniste déjà équipé en objectifs, c’est un excellent choix, que je préfère naturellement au 400D, et qui ferait bien hésiter face à un 5D qui ne dispose plus des derniers agréments de la marque. Le capteur de ce dernier produit des images un peu meilleures en haute sensibilité, un rendu plus progressif des couleurs, et surtout une gestion de la profondeur de champ inégalée qui ravit les portraitistes. Pour tout le reste, le 40D est, il faut le reconnaître, supérieur, et à 1000 Euros de moins, le choix s’impose de lui-même. Si vous avez déjà un 30D, ce 40D progresse sur de nombreux points, dont la définition, ce qui peut justifier la mise à niveau.

Pour ceux qui hésitent avec d’autres marques, la concurrence est rude. Moins cher qu’un Nikon D300, ce dernier lui est supérieur en définition, finition et au niveau du viseur, mais on admet généralement qu’il y a une demi gamme de différence entre les 2 marques. Pentax, avec son futur K20D et Sony avec son Alpha 700 sont également des outsiders de choix, tandis qu’Olympus propose un E3 très séduisant mais également plus cher. Ces 3 marques ont un point commun : offrir un stabilisateur intégré au boîtier. Alors que Canon a opté pour des objectifs stabilisés, ce choix se révèle très onéreux pour l’utilisateur, puisque chaque optique doit en être doté. Si la stabilisation optique garde des avantages (notamment la visée stabilisée), on peut donc être tenté par les solutions alternatives qui au final pourront se révéler moins coûteuses. En tout cas, goûter à cette technologie, c’est l’adopter !

Si vous n’avez pas encore de parc optique, ou êtes prêts à faire un grand changement, la question se pose donc véritablement, et n’ayant pas (encore) eu entre les mains tous ses concurrents, je ne me prononcerai pas sur un vainqueur (et je ne suis pas sûr qu’il y en ait vraiment un). Une chose est sûre, le 40D ne décevra pas si c’est sur lui que se porte votre choix.

Un dernier mot : le 40D mérite mieux que le zoom 18-55 peu qualitatif. Les très bons 17-85 EFS et 17-55 EFS f2.8, tous deux stabilisés, vous permettront d’en tirer le meilleur. Si votre budget est réduit, équipez-vous plutôt d’un 450D + un bon zoom plutôt qu’un 40D + zoom médiocre. On change les boîtiers mais on « investit » dans les optiques !

Jean-François Vincent (www.club104.net)

PS. Cet article a été rédigé sur un Asus EEE PC: je reviendrai dessus à l'occasion
PS2. J'ai failli étrangler Typepad pour publier cet article: serveur qui ne répond pas, article effacé, grrrr...

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DNG universel pour Aperture 2.0

Aperture 2.0: premières impressions et astuces